Actualités

09.01.15 : Genève lui tendait les bras

Article paru dans La Capitale du vendredi 9 janvier 2015
Juane Garreta a quitté la Belgique qu’il avait rejointe en janvier 2001. Après avoir fait les beaux jours de Wellington, de l’Orée, du Watducks, de Leuven et enfin du Daring, l’Argentin naturalisé Belge a mis le cap sur une destination plutôt originale d’un point de vue hockey. En avril 2015, cela fera un an qu’il défend les couleurs de Genève Servette, en Suisse.
Dans la famille Garreta, je demande Juane. Avec Gaby et Maxi, le plus petit des trois frères a débarqué il y a plus de dix ans dans notre pays. En se renforçant avec ces géniaux Argentins en 2001, le Wellington innove et révolutionne notre championnat belge. C’était il y a bien longtemps. À l’époque, le plus talentueux de la fratrie n’a que 18 printemps et fait partie des trois meilleurs joueurs U21 de la planète. Aujourd’hui, il en a 31 et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.
« Je suis venu ici principalement pour démarrer ma vie professionnelle. J’ai un projet sérieux qui s’est mis en place en juillet 2014 dans le commerce international. Je ne voulais pas rester dans le hockey toute ma vie », explique le seul étranger à avoir remporté le Stick d’Or en Belgique.
« La saison dernière, je suis venu jouer avec Servette pour la deuxième partie du championnat à la demande du coach qui est aussi mon ami, Pierre-Emmanuel Coppin (ex-Lara Wavre). Nous avons remporté le titre pour la première fois de l’histoire du club. C’était une expérience géniale. Ce succès et l’idée de jouer encore pour Genève m’ont poussé à venir ici. Je ne sais pas combien de temps je vais rester ici. Peut-être toute ma vie. »
Avide de découvertes et d’aventure, Juane Garreta se sent comme un poisson dans l’eau dans son nouvel environnement, bien loin de son pays d’adoption, la Belgique.
« J’habite seul dans le centre de Genève. Je suis des cours à distance d’une université argentine. Je fais partie d’un groupe de travail au sein de Servette qui réfléchit à faire avancer le club. J’entraîne aussi les jeunes mais je ne veux plus trop passer de temps sur le terrain pour ça. Mon objectif principal, c’est de forger mon futur professionnel, comme le ferait normalement un ancien sportif. Et quoi de mieux pour se développer que les montagnes, le Lac Léman, une ville assez internationale et un climat plus favorable qu’en Belgique ? Il est vrai que cela m’a fait un peu bizarre au départ. Mais la vie ici est géniale, il n’y a rien à redire à ce niveau là, quoiqu’un peu plus chère », rigole-t-il.
L’attaquant sud-américain a donc quitté 13 ans de vie belge, ses amis, sa famille et le hockey pour tenter le coup en dehors de nos frontières. Jusqu’à présent, ce nouveau virage dans sa carrière semble lui réussir. Et comme depuis longtemps, la vie de l’ancien international est bien chargée. Quand on connaît l’homme, cela n’est guère étonnant.
VALENTIN THIÉRY

TRANSFERT GAGNANT POUR SERVETTE
Garreta a connu deux clubs en une seule saison
Il existe dans le championnat suisse de hockey une règle bannie depuis plusieurs années dans notre pays. Elle dit qu’un club peut se renforcer aussi entre la première et la seconde partie du championnat. C’est d’ailleurs grâce à ça que Juane Garreta a pu jouer à Genève et gagner le titre quelques jours après avoir terminé 3e de Division d’Honneur avec le Daring de Molenbeek chez nous.
« Cela permet à chaque formation de compléter son noyau pour atteindre des objectifs. Cela permet aussi d’augmenter le niveau général de la compétition. Par contre c’est vrai que l’arrivée des nouveaux joueurs peut faire basculer l’ambiance d’un groupe, frapper le moral de certains joueurs ou prendre la place de jeunes. Heureusement à Genève, le groupe a été très ouvert et sincèrement, j’ai été très bien accueilli. Le but était très clair : gagner le titre. »
Notez enfin que deux autres Belges jouent avec l’ancien Daringman en plus du coach de l’équipe.

IL A VÉCU 13 ANS CHEZ NOUS
La Belgique, sa deuxième maison
L’histoire de la famille Garreta est unique. En 2001, les trois frères argentins débarquent à Uccle pour jouer au Wellington. C’est le début de l’aventure sur le Vieux Continent. « C’est le pays où j’ai dû grandir à côté de Gaby et Maxi et me former mais sans mes parents. La Belgique m’a permis de me développer. D’ailleurs j’ai obtenu la naturalisation récemment. J’ai des amis, des vrais. Certains membres de ma famille sont là-bas. Peut-être que je reviendrai un jour en Argentine. Mais si tout se met en place ici à Genève, je ferai ma vie ici », ajoute-t-il.
Après 13 ans de vie « à l’Européenne », le trentenaire s’est évidemment bien habitué à notre rythme. «Mon pays natal, ce serait plus pour les vacances. Ou pour voir les amis. Je ne pourrais plus vivre là bas. Je suis bien trop ancré dans le style d’ici. Je ne pourrais pas non plus accepter certaines choses là bas. Puis je suis vraiment content de mon apprentissage en Europe. J’ai aussi une autre manière de voir les choses : le respect des gens, la qualité de vie et, surtout dans sa globalité, la sécurité. »
Durant son séjour belge, Juane Garreta aura défendu les couleurs du Well, de l’Orée, du Watducks avec notamment deux titres de champion (2006 et 2009), de Leuven et dernièrement du Daring qu’il a qualifié pour la première fois de son histoire pour l’EHL.

OBJECTIF TRIPLÉ POUR GENÈVE
Juane et son club veulent tout rafler cette saison
Le championnat suisse se résume depuis des lustres à la suprématie des Suisses allemands du Rot Weiss Wettingen. Mais l’an passé, Servette a remporté le premier sacre de son histoire. Exceptionnel ! Cette saison, les Genevois veulent faire la même chose. Mais en mieux.
«Nous sommes deuxièmes dehors, premiers en salle et en demi- finale de la coupe. L’objectif, c’est le triplé. Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir », commente Juane Garreta. Vu son expérience et son talent, l’Argentin sera l’une des clés du succès romand. Il a toutefois dû s’adapter à un tout autre hockey que celui qu’il côtoyait avant.
«Le style de jeu est assez différent. Les équipes faibles ne proposent pas grand chose offensivement et se contentent de défendre. Les meilleures formations mixent un peu différentes manières de jouer. Mais en résumé, le niveau est bas, il y a moins de rythme, c’est plus lent et l’arbitrage n’aide en rien. »
Habitué au très haut niveau, l’ancien hockeyeur passé par de nombreux clubs belges parvient petit à petit à tourner la page.
« La Division d’Honneur me manque un peu, mais pas trop. Je trouve mes repères ici. Je me vois d’une autre manière sur le terrain. Je suis là pour faire jouer mon équipe, l’aider à faire de bons résultats en bossant autant que les autres. Ici à Genève, je fais partie d’une très bonne équipe et d’excellents éléments. Ça m’aide à prendre du plaisir. »