Après deux victoires probantes face à des adversaires moins bien classés à l’issue du dernier championnat (HC Olten 3-0 et Grasshopper 3-2), Servette rencontrait lors de cette troisième journée de l’exercice 2008-2009 le finaliste malheureux des play-offs, le Luzerner SC. Un vrai premier test pour le Servette HC, et l’occasion de continuer à progresser, sur les plans tactiques, techniques et physiques, face à un adversaire de premier choix.

D’abord pessimistes suite aux intempéries de la semaine et aux litres d’eau tombés qui, il est inutile de le rappeler, causent bien des soucis au terrain de Richemont, les quelques spectateurs des matches de ce dimanche se sont réjouis de la percée du soleil dans la matinée. Le terrain était "juste comme il faut", n’empêchant pas quelques glissades (contrôlées) et quelques dérapages (involontaires) de certains joueurs.

En face, la troupe lucernoise ne se présente pas sous son meilleur jour : le capitaine et défenseur central Maurice Cottier (également capitaine de la Nati) est blessé et l’équipe n’est toujours pas parvenue à trouver un nouvel entraîneur. Malgré cela, les Grenouilles s’étaient offert la victoire dans le match les opposant au champion suisse en titre Rotweiss Wettingen (3-2). Lucerne reste même sans coach une équipe très solide sur le plan tactique, "la meilleure que j’ai vu jusque-là" selon Nicolas Chambet, directeur technique du Servette et assistant de David Smith à la tête de la première équipe.

Le match débute très rapidement, avec des Lucernois agressifs qui mettent déjà à mal les défenseurs grenats. Et ce n’est qu’un amuse-bouche en comparaison du plat de résistance qui sera proposé en seconde période! Les Servettiens parviennent pourtant assez rapidement à reprendre le contrôle du jeu et à tentent quelques mouvements offensifs. Pourtant ceux-ci se terminent bien souvent au poteau de corner, d’où il est bien difficile de créer le danger. Le match devenant plus ouvert de part et d’autre, on assiste à un beau jeu porté sur l’offensive et les contre-attaques par les deux équipes. Quand Servette se crée une belle opportunité devant les buts de Wullschleger, les Lucernois répliquent par une attaque foudroyante, qui sans les parades de Julien Leblond (auteur d’un excellent match et du second blanchissage de la saison), auraient pu avoir de lourdes conséquences. Servette se procure plusieurs corners, notamment par Bertrand Peny, qui se la joue un peu "à l’italienne" dans le cercle des Verts. Le premier push de Ian Roberts est bien paré par le gardien. Le second corner, un (puissant) push de Philippe Bernahrd, ne fait que s’envoler le gant du gardien (il avait dû mal l’accrocher). Puis enfin un troisième où Nicolas Stehlé ne trouve pas le bon angle pour la déviation.

A la mi-temps, le score est de 0-0. Les deux équipes pourraient mener au score, et il est bien dommage que Servette n’ait pas su prendre l’avantage lors de cette première période. La discussion tactique est intense dans les vestiaires. Les consignes sont de continuer à presser l’adversaire et de jouer très compact au milieu. L’idée est de faire la différence en attaque en passant d’un 4-4-2 à un 4-3-3.

Seulement, dès les premiers instants de la seconde mi-temps, la vérité est bien autre. Les Lucernois déboulent en attaque et ne laisse aucun répit à des défenseurs servettiens cette fois pris par surprise, qui ne peuvent que dégager en catastrophe et, bien souvent, directement dans une crosse lucernoise. Dans la précipitation, peu de solutions s’offrent aux Servettiens qui sont obligés de subir la domination offensive de Lucerne. Pourtant, le cordon défensif ne se brise pas, et en dernier recours Julien Leblond sauve toujours les meubles. Leurs efforts ne menant à rien, les Lucernois se découragent peu à peu et les Genevois en profitent pour reprendre l’initiative. Sur le flanc gauche, Ian Roberts reprend habilement un lob de la défense servettienne pour transmettre au défenseur gauche Philippe Seminck, bien inspiré sur sa montée offensive. Le jeune Belge dribble un défenseur et son centre depuis la gauche est dévié en tête de cercle où – malheureusement – ne se trouve aucun Servettien! L’occasion aurait été très belle, le gardien Wullschleger était dans tous les cas battu. On retrouvera le jeune Seminck plus tard, suite à une action démarrée sur le côté gauche, il ne parvient pas à dévier une belle balle donnée un peu trop en profondeur. Mais malgré ces quelques éclats offensifs, les Lucernois conservent une certaine avance dans le nombre d’occasions de buts. Et ils comptent bien, la fin du match étant imminente, en concrétiser enfin une! Les dernières minutes sont très tendues, et plusieurs fois, les Lucernois pénètrent dangereusement dans le cercle grenat. Il faudra un sauvetage miraculeux de Patrick Montalbetti, bien attentif sur la ligne de but, qui parvient tout juste à dévier – sur le poteau – une "balle de match" qui s’était glissée à gauche des guêtres de Leblond. Les Grenouilles, trop prompts à célébrer le but, bras en l’air, n’ont pas encore gagné la partie. Et pourtant, ce n’est faute d’avoir essayé… Ils obtiendront encore deux corners courts dans la dernière minute, parés par le gardien servettien.

Au coup de sifflet final, les Servettiens soufflent et peuvent se réjouir : c’est la première fois, depuis l’époque de l’entraîneur Xavier Petit (soit au moins trois ans), alors que les jeunes Alexis Pierard et Sebastiaan Lugard se rendaient tous les dimanches admirer la première, les yeux ébahis, que le Servette ramène des (un) point(s) d’une confrontation avec Lucerne. Un point de match nul qui vaut plus que ça, dans les têtes genevoises, et qui leur permet de conserver la première place du classement provisoire. Une première place symbolique, puisque le plus dur reste encore à venir : des gros morceaux (RW Wettingen), des morceaux coriaces (Stade Lausanne et Black Boys HC), des morceaux au goût nouveau (Neuchâtel HC), et surtout la confirmation, dans la durée, que le Servette est capable de rivaliser avec les prétendants au titre de champion suisse.

Pascal Zimmermann