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Flashback Première équipe Hommes – Episode IX

Feuilleton: Dimitri Gisin revient pour vous sur la première partie de saison en plein-air de la Première équipe Hommes. Au travers de plusieurs portraits, une chance unique de revivre les neuf matchs de l’équipe fanion de l’intérieur.
Neuvième et dernière partie: Où l’on comprend qu’il est tout aussi difficile pour l’équipe que pour l’absent de manquer un match avec les copains. 
Servette HC – Luzerner SC (2-4). L’histoire de l’absent.
Il part en voyage, le jour d’un match. Pas un petit voyage. De grandes vacances comme il n’en avait pas eu depuis plus d’un an. Il en avait besoin. Trente heures de trajet. Il sera probablement encore dans l’avion lorsque ses coéquipiers joueront. Il ne sera pas là pour affronter Lucerne. Il rate environ un match par saison depuis deux-trois ans. Il n’avait quasiment jamais raté de match jusqu’à ses 26 ans.     
Rater un match, ce n’est pas une exception. Le hockey sur gazon est un sport amateur; il y a un contrat moral avec l’équipe et le club, mais pas un contrat signé l’obligeant à rester pour tous les matchs. Il en a déjà raté et ses coéquipiers aussi. Mais tous, du moins peu ou prou, ressentent ce qu’il ressent en ce moment dans cet avion.
Un petit malaise.
Un peu d’anxiété?
Il sait qu’il retrouvera à terme une place sur le terrain, que le coach n’a pas un effectif élastique lui permettant de punir trop longtemps les gens qui manquent des matchs. Donc là n’est pas l’origine du malaise.
Il sait aussi que le résultat de ce match va être capital pour la première place du championnat, mais qu’avec le système de play-offs, son club peut toujours s’octroyer le titre en fin de saison. Son club peut aussi perdre sa place dans le top 4 et ne pas jouer les finales. C’est donc un match important. Mais il n’y a pas un joueur qui fera la différence à lui tout seul.
Disons qu’il y a un soupçon d’anxiété en attendant le résultat du match. 
Un peu coupable?
Il se sent un peu coupable, mais n’avait pas d’autres moments pour poser ses vacances. Et personne dans l’équipe ne lui en voudra, comme personne n’en voudra au prochain absent. Il faut faire des choix et choisir, c’est exclure. Et en choisissant, on peut ressentir une pointe d’amertume sans aller jusqu’au regret.
Bien sûr que non, il ne va pas se culpabiliser pendant des heures.
Bien sûr que oui, il baissera les yeux la prochaine fois que le coach parlera des intolérables absences.

Disons alors un soupçon de culpabilité. Parce ce que c’est ce qui fait la différence entre l’absence pour vacances ou l’absence sur blessure.

Il y a aussi et surtout un manque. Pas tout de suite, mais assez rapidement quand même. Le terrain lui manque, les copains lui manquent, la balle lui manque, l’enjeu lui manque. Ajoutons-y une légère dose d’envie de se racheter pour les prochains matchs. De faire bonne figure. De se montrer sérieux. 
Comment expliquer ça gentiment à sa femme lorsqu’on part en voyage de noces. Comment lui expliquer qu’on se précipite sur le téléphone entre deux avions pour consulter ses messages et avoir le résultat. Comment lui justifier la petite phase de déprime lorsqu’on reçoit le message "défaite 4 à 2".
Conseil: ne même pas essayer.
Dimitri Gisin 
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