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© Alfred Wälti (archives)

Trust the process

Dès la saison 2013-2014, le General Manager Sam Hinkie entraîna la franchise NBA des Philadelphia 76ers vers le long chemin de la reconstruction. Le système de ligue fermée et de draft issu des sports américains a créé un phénomène sobrement appelé le tanking. Une franchise se sachant trop faible pour réussir à n’obtenir ne serait-ce qu’une qualification en play-offs et ne pouvant pas être reléguée, elle peut officieusement se mettre à perdre plus ou moins volontairement ses matchs afin de chuter dans le classement et obtenir ainsi une plus grande chance de voir un jeune talent particulièrement prometteur rejoindre son effectif lors de la prochaine draft. En effet, ce rituel de passage des joueurs universitaires talentueux vers la Grande Ligue avantage les équipes aux bilans les plus faibles, dans l’espoir que cela fasse, à moyen terme, changer l’équilibre des pouvoirs dans la ligue.

Bref.

Les 76ers perdirent. Et plus les 76ers perdaient plus ils se rapprochaient de leur objectif. Mais comment maintenir allumée la flamme brûlant dans le cœur des supporters de la franchise mythique quand s’enchaînent les défaites? Trust the process.

Cette injonction qui devint devise devint le bonbon devant masquer le médicament, la lueur au bout du tunnel. Elle marque aujourd’hui tout le monde du sport par la patience nécessaire qu’elle évoque. Ce qui s’est passé dans la ville de l’amour fraternel se retrouve dans d’autres endroits, dans d’autres disciplines. Une reconstruction doit aller aussi vite que possible mais surtout aussi lentement que nécessaire.

Après notre victoire 4-1 contre BHC le week-end dernier, il était important de garder cette phrase en tête. Notre match contre Rotweiss Wettingen, ce samedi 12 septembre, se présentait comme une belle occasion de tester ce mantra. Une victoire nous apporterait des points, ô combien importants dans ce mode de championnat. Une défaite permettrait de remettre les pieds sur terre, de continuer à travailler avec la même application que celle montrée depuis début juillet. Tester nos acquis contre une telle équipe était ainsi l’occasion de voir où se situaient nos limites actuelles. Bref, le process était clairement au centre des enjeux de la rencontre.

Le coup d’envoi fut synonyme d’une grosse pression grenat. Directement lancés vers l’avant, nous vîmes nos efforts se rapprocher rapidement du cercle adverse. Notre système défensif stoppa sereinement leurs premières relances et le flot grenat refoula toute velléité adverse pour un temps. Pour un temps seulement. Vous imaginez bien qu’un aparté tel que celui qui introduit cet article n’est pas seulement là pour servir de fun fact.

Bref.

Notre domination fut aussi éphémère qu’un challenge Tik Tok et six minutes après le coup d’envoi, les locaux ouvrirent la marque. Une minute après, ils enfoncèrent le clou. Oui, pas forcément moins vite que vous en lisant ces mots.

Le choc fut profond. Le moral atteint. Et la rencontre devint instantanément à sens unique.

Mais tout ne s’arrête pas ici. Car là où par le passé nos émotions nous auraient amenés à aboyer contre l’arbitre ou notre coéquipier, c’est le travail qui l’a emporté. Cette réaction ne s’est pas traduite en victoire mais quel plaisir de subir en équipe et pas tout seul. Quel plaisir de pouvoir au moins tenter de trouver des solutions plutôt que d’utiliser notre maillot comme un linceul.

Nous avons perdu 7-2. Ce n’était évidemment pas agréable mais voir que nos liens sont à l’épreuve de ce genre de déconvenue est une victoire en soi. Cette défaite fait maintenant partie de notre route. Nous verrons où celle-ci nous mène. Et si vous êtes frustrés pour nous, répétez-vous: Trust the process.

Julien Fastman