Scénario d’une journée à Lucerne
Nous sommes le 9 décembre 2023. Il est 8 heures du matin.
Thibault est en train de dormir. Christophe enfile son déguisement pour retrouver ses collègues. Senne chausse ses chaussures de skis. Pourtant, c’est bien dans le hall de la gare Cornavin que notre histoire commence. Oscar, le rigoureux ponctuel, nous fait une « Christophe » et emmène la jeunesse dans ses retards. Le chef train, criant d’ailleurs chaque week-end à qui veut l’entendre que ce sera sa dernière représentation dans ce rôle, utilise la bonne vieille excuse du retard pour envoyer quelqu’un d’autre chercher les billets. Le Pape pose son vélo/moto/fusée, appelez ça comme vous voulez, devant la gare avec un retard habituel de 5 minutes, temps qu’il a fallu à des malfaiteurs pour lui voler son engin. C’est donc 9 valeureux gaillards (coach compris), qui embarque dans le Yatzi express direction cette belle salle trampoline qui fait la fierté de tout un canton. Canton d’ailleurs assez prisé par les touristes, en témoigne certaines photos (je n’avais pas les droits pour les partager, pardonnez-moi).
Ayant été rejoint par le Bâlois aimé de tous et l’ancien gardien, reconverti en coach/mauvais arbitre/crevette-pistolet (« la crevette-pistolet est célèbre pour ses « cris » particulièrement intenses. Nat GeoWild vous explique : Le grand noctilion est plus bruyant qu’un éléphant. Lorsqu’il chasse, ses cris peuvent atteindre 140 dB ! »). Bref, la troupe prit possession du bus 14 direction Klinik St-Anna. Le Genevois, se devant de laisser son empreinte partout où il passe, le fut, non pas sur le terrain, mais bien dans les toilettes. Ce scénario commençant à être un peu long et éprouvant, parlons désormais un peu de ce premier match.
Je vous épargne tous les calculs concernant le classement, car une overdose ne fait jamais du bien (3 heures de trains à en parler) et on peut le résumer très simplement. En effet, même si le groupe n’en était pas certain à ce moment précis, un nul ou une victoire les qualifiait pour le Final Four. Cela étant dit, à la 18ème minute du match, seuls les plus optimistes, ou inconscients, voyait cette équipe obtenir quoique ce soit. Vous l’aurez deviné, le score n’était clairement pas en faveur des Grenat (0-5), et le cher gardien du jour/amuseur de galerie/footballeur du dimanche, aussi nommé Clément Thijs, choisit cet instant pour sortir un dégagement digne des plus belles relances de Manuel Neuer. Le problème étant qu’il oublie (ou ne sait juste pas) que le hockey n’était pas joué avec des pieds, il est interdit d’imiter Messi 5 mètres en dehors du cercle. Résultat, un PC contre, un carton vert pour ce grand chef et également un grand fou-rire, il se faut le dire. Résultat après corner (sans gardien du coup), 0-5, merci Gaël. Suite à cet événement (carton vert du gardien) mi-comique mi-malheureux, l’équipe se reprend et arrive même à en planter un avant la grande pause, merci Oscar, trop fort.
Étant quand même dans une situation délicate, le staff se devait de réagir. Ce fut donc tout en subtilité et en ruse que Clément fit mine d’aller dans son but pour ressortir directement avant le début de la mi-temps. Objectif : jouer à 6 sans gardien et poser des problèmes aux moustachus du canton de Soleure. Mettant une pression d’enfer, les Genevois poussaient leurs adversaires dans leurs retranchements. Ils n’arrivaient plus à passer le milieu du terrain. Ils suffoquaient. Pourtant, ils tenaient bons. Les Grenat n’y arrivaient pas. C’est après 5 minutes de bataille intense que la libération arriva ; but marqué par Matthieu à la suite d’un cafouillage dans le cercle (2-5).
En poursuivant ce pressing de tous les instants, l’équipe réussit même à en planter un deuxième grâce à la jeune star hollandaise du groupe, Steveee (3-5). Malheureusement, cette façon de jouer étant très éprouvante, les nerfs sont mis à rude épreuve et c’est donc un carton jaune qui tombe pour agression verbale selon l’arbitre du jour. Jouant à 5 contre 5, sans gardien je le rappelle, l’équipe essaie de garder le cap mais c’est 2 buts adverses qui viennent ruiner tous les espoirs (3-7). Pourtant, les Grenat semblent encore y croire. Ils poussent fort et à la suite d’un autre carton vert contre eux, arrivent quand même à marquer dans les dernières minutes du match grâce à Louis (4-7). Il y va même de son doublé 2 minutes plus tard (5-7). Il reste 1 minute et Servette arrive à marquer le 6ème grâce à son top scorer Gaël. Servette pousse. Les Grenat ont l’égalité au bout des doigts. Louis déborde sur le côté droit. Il élimine un joueur. Il arrive à mettre la balle dans le cercle. Un Grenat est là. Il l’attendait cette balle. Elle arrive. Il tire… et buttttttttttttt. L’égalisation à la dernière seconde de la part des Genevois, qui tiennent leur place en demi-finale !!!
Bon, cela étant un scénario, vous aurez compris qu’il y a une modification utopique de taille dans ce dernier paragraphe. Il s’agit en effet de la partie avec le but à la dernière seconde, merci Matthieu pour ce raté. Cet article commençant à être vraiment long, je vais fortement raccourcir ce deuxième match. N’hésitez pas à me contacter pour plus de détails (Instagram, WhatsApp, etc.).
Les 10 valeureux guerriers, n’ayant plus aucune chance d’être en demi, choisissent de profiter de ce dernier match tant au niveau hockeyistique qu’au niveau théâtral. C’est donc avec un sérieux tout relatif, le mêlant à une envie de bien faire, que le match commença. Cela ne suffit pourtant pas, car après 5 minutes, le score était de 0-2.
L’équipe était, malgré tout, bien dans son match et c’est logiquement qu’elle réduit d’abord la marque grâce à Florian et sa célébration digne d’une star des Lakers (ice in my veins). Gaël permet derrière d’égaliser à 2 partout. Quelques minutes plus tard, c’est Matthieu qui y va de son but dans un rush solitaire tel Jamal Musiala avec le Bayern. Pourtant c’est bien Bellingham qu’il imita devant le public lucernois abasourdi (c’est fou le melon du type qui écrit cet article). Une belle action collective permet ensuite de passer à 2 longueurs d’avance.
Un peu trop sereins, les joueurs se laissent aller et Lucerne arrive à inscrire 3 buts en 5 minutes, le score passe à 4-5. C’est le moment choisi pour se refaire un petit shift à 6 sans gardien. Cela réussi plutôt bien, car c’est d’abord Gaël, puis Steven qui redonnent l’avantage aux Grenat (6-5). 1 minute plus tard, Louis y va de son but avec une célébration qui ferait honneur aux plus grands rameurs vikings (7-5). Finalement, Benoît, étant le seul à ne pas encore avoir marqué cette saison, profite d’un corner pour inscrire ce précieux but qu’il gâche lamentablement en faisant honte à tous les surfeurs de Suisse (8-5). Dans les dernières secondes, Lucerne marque, ce qui donne un résultat final de 8 à 6 en faveur des Genevois.
C’est sur ces deux matchs intenses, à l’image de toute la saison, que s’achève cette journée folle en rebondissements. Merci aux plus courageux qui sont encore là, et merci à nos plus fervents lecteurs qui sont toujours là malgré des articles parfois incompréhensibles, parfois trop court, parfois trop long, mais tout le temps écrit avec le cœur !
Matthieu Wyss-Chodat
Photo : archives, novembre 2023