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© Petra Wafla

Pleurer, ça donne mal à la tête

Personne ne veut résumer ce week-end, donc je le fais, mais je préviens : ça va être difficile.

Avant de commencer ce résumé du week-end du Final Four, je voulais juste faire un petit récap de la saison avec quelques mots-clés :

  • Août : arrivée de Bas Van der Schueren, accompagné d’Isabel Dousi, de shuttles et de grandes ambitions ;
  • Septembre : premiers matchs, première victoire en LNA ;
  • Février : des entraînements le dimanche ;
  • Mars: week-end team building à Zurich;
  • Avril : les Sheriffs battent les premières du classement ;
  • Mai : qualification pour le Final Four.

Donc voilà, on se retrouve devant la Migros de la gare, le vendredi 20 juin à 18h45. Fin… pour notre gardienne Adri, c’était plutôt rendez-vous sur le quai 30 secondes avant l’arrivée du train, mais c’est un détail : elle l’a eu. Ce premier moment en équipe est une réussite. Gâteau d’anniversaire surprise pour notre Belge préférée, Mathilde, manucure tremblante pour les 160 ongles de l’équipe, et analyse vidéo de notre adversaire du lendemain. Le trajet Ge-Lu est fait.

Arrivées à l’hôtel, les joueuses n’ont qu’une chose à faire : dormir et faire de beaux rêves. Mon petit doigt me dit même qu’à 23h23, quelques joueuses auraient tapé bêtement leur nez et fait un vœu.

Samedi matin, au petit-déjeuner, personne n’a vraiment faim. On parle, mais surtout, on stresse. L’ambiance est bonne, on a le temps, on essaie de se rappeler qu’on fait du hockey pour le plaisir.

 8h45 : départ
8h55 : Léa a tellement hâte d’être sur le terrain qu’elle oublie presque son sac dans le bus
9h15 : arrivée au terrain
9h45 : briefing (je tiens à noter qu’à ce moment-là, la moitié de l’équipe avait déjà les larmes aux yeux, car notre coach, très fort, avait préparé une vidéo motivationnelle sur les rythmes de Can’t Hold Us, avec des photos et vidéos de notre saison)
10h00 : début de notre échauffement, 1h avant le match, comme des pros
10h55 : les fans sont là (pardon, les parents sont là), les joueuses rentrent sur le terrain

 

Résumé de la demi-finale

Un 1er quart tendu. Les Servettiennes mettent une pression efficace, mais sans succès dans le cercle. Et de leur côté, les joueuses d’Olten font exactement la même chose. Leur pression est bien exécutée et cela nous empêche de jouer notre jeu. Les attaquantes du HCO nous poussent complètement vers la gauche, ce qui nous limite dans nos engagements et met Charlotte et Hermione quelque peu en difficulté.

2e quart. La délivrance. Alors qu’Olten obtient des PC, l’équipe genevoise a de moins en moins d’entrées de cercle. Notre équipe est solide, n’encaisse rien… pour l’instant. À 5 minutes de la mi-temps, Frances (notre championne suisse U15) passe une magnifique balle à Hermione qui, comme à son habitude, finit par passer (on ne sait comment) deux joueuses d’Olten et la gardienne. BUUUUUUUT : 1-0 pour Servette. Dans le sport, il y a souvent des schémas qui reviennent. Dans notre cas, après avoir marqué un but, on fait souvent n’importe quoi. Là, même si on est conscientes qu’il faut garder ce score, les 5 minutes avant la mi-temps paraissent longues. Erreurs sur erreurs. Olten nous prend à la gorge et obtient encore des PC, pas un mais trois à la suite !  Fin du 2e quart : Servette est devant.

3e quart. La version classique. Le 3e quart est difficile, moins d’énergie est présente sur le terrain. La défense centrale d’Olten se retrouve sur la base line et arrive à faire passer la balle non seulement par-dessus la crosse de deux de nos défenseuses, mais aussi entre le poteau et notre gardienne… But de merde, on peut le dire. 1-1.

4e quart. Si vous avez regardé le livestream – oui, parce qu’il y avait quand même 34 personnes qui regardaient (ce n’est pas rien) – vous saurez qu’on a tout essayé durant le dernier quart. Nos coachs, Bas et Thijs, essayaient tant bien que mal de faire jouer la meilleure équipe sur le papier. Alors que les Grenat donnaient tout, on voyait bien que les Soleuroises, quant à elles, voulaient garder le 1-1 et s’amusaient déjà à l’idée de passer aux shoot-outs. Les dernières minutes étaient pleines de suspense, mais aucun but ne s’ajouta aux deux déjà inscrits.

Pour décrire la fin de ce match, il me sera difficile de rester objective, désolée d’avance. On avait entraîné les shoot-outs, les filles concernées étaient prêtes. Mais est-ce qu’on est vraiment assez prêtes ? N’y a-t-il pas un facteur de stress en plus, qui prouve qu’on ne le sera jamais complètement ? Et est-ce que les shoot-outs, ce n’est pas un peu de la chance ?

Enfin bref. Nous n’avons pas été ridicules. Autant notre gardienne que les tireuses ont réussiquelques balles, mais pas assez pour gagner. Peut-être que si les arbitres avaient sifflé l’énorme back stick, nous serions en finale. Enfin bref, de toute façon, le match est fini.

Pleurs, remords, regrets et colère sont au rendez-vous. Pendant les deux premières heures d’après-match, ce n’est pas simple pour notre équipe. On est sur une terre inconnue, tout est nouveau. Arriver au Final Four, c’était déjà un exploit. On y a cru, on est déçues. Comme le titre l’indique : pleurer, ça donne mal à la tête.

En fin d’après-midi, malgré une baignade dans le lac des Quatre-Cantons, beaucoup d’eau, une sieste à l’hôtel, tout le monde est claqué. Certes, on repense au match, mais les sourires réapparaissent. L’ambiance est plus légère, et c’est après une marche de 10 minutes que nous arrivons au restaurant pour le repas du soir. Personnellement, cette soirée était l’un de mes moments préférés du week-end. On en a profité pour décerner quelques prix (boulette de l’année, plus grande progression, plus stylée, plus supportive et plus drôle). Merci Emma d’avoir organisé ça, et merci le FWWT pour les cadeaux.

Pendant le dessert, rebelote : les larmes coulent pour certaines. Hermione, Léa et Sanne avaient préparé des petits poèmes et citations pour chacun·e d’entre nous – touchant, émouvant, motivant. Pour résumer ce samedi, je peux dire qu’à 22h, on était toutes dans notre lit avec le sentiment d’avoir vécu plusieurs journées et plusieurs vies.

 

Dimanche – le derby genevois – 10h

À défaut d’avoir motivé des gens à venir nous voir seulement le dimanche, nos fidèles spectateurs étaient là (big up à Sybe, Dex, Lisanne, Erik, Steven et tous les parents). 10h, c’est tôt, mais pour battre Black Boys, il n’y a pas d’heure. Notre échauffement est complet, intense, et nous sommes convaincues que nous allons ressortir de ce match avec quelque chose (… de type médaille).

Comme j’ai encore beaucoup de choses à dire, et plus beaucoup de temps, je vais aller à l’essentiel :

1-0 par Sanne sur une magnifique variante sur PC
Égalisation : 1-1
Mi-temps : tout est encore à jouer
3e quart : obtention de plusieurs PC, Sophie arrive à jouer le rebond et à mettre la balle au fond du but
Égalisation BBHC peu après : 2-2

Alors oui, le score était de 2-2, c’était stressant. Mais en plus, à 7 minutes de la fin, il a fallu que nos joueuses commencent à oublier les règles de base du hockey et se prennent des cartons :  vert pour Sophie, car elle a cru qu’on était au hockey sur glace et que donner un coup de coude, c’était normal. Jaune pour Charlotte, car elle a confondu les unités : il fallait se mettre à 5 m, pas 5 cm. Bref, peu importe, ça arrive à tout le monde. Mais je peux vous dire que ce n’était pas trop apprécié, notamment par : les cordes vocales de Bas, la fréquence cardiaque de nos parents, et Sanne qui a dû redescendre en défense (#so2024).

Les 5 dernières minutes étaient tendues, on a encore obtenu quelques belles actions : un revers de Sara, un 1 contre 4 de Frances… mais on n’avait plus le temps. Shoot-outs, ce fut.

On revit la même chose que la veille. C’est beaucoup d’émotions, encore une fois. Pendant que Sanne, Léa, Sole, Charlotte et Isa essayent de se focaliser et de croire en elles, les autres joueuses de l’équipe essayent de respirer, relativiser… mais c’est dur.

Chance ou pas chance : on l’a fait. On a gagné aux shoot-outs.

Encore une fois, on pleure. Cette fois, je peux vous dire que ce sont des larmes de joie. Enfin presque : aussi des larmes de soulagement pour cette 3e place, des larmes de tristesse car cette saison est terminée et que plus jamais on ne jouera avec cette même équipe.

La suite de la journée a été ensoleillée, et vous n’avez pas besoin de tout savoir.

Mais ce qu’il faut noter, c’est que nous avons battu toutes les équipes du championnat

LNA 2024-2025 au moins une fois. Nous avons remporté la troisième place, après deux ans en LNA (dont une année sans aucune victoire).

Nous avons le regret d’annoncer trois départs :

  • Mathilde Marenne, qui a d’ailleurs failli marquer dans son dernier match
  • Sole Maria Contardi, qui restera sûrement au Servette, mais pas en tant que joueuse (elle a quand même gagné le prix de la top scorer en faisant la moitié de la saison !)
  • Et pour finir, Sara, l’enfant du Servette, qui part pour ses études (mais je vous rassure : elle ne part pas très loin [Lausanne], et on risque de la retrouver sehr bald)

Désolée, désolée, c’est long… mais j’ai trop de choses à dire !

Je tiens à faire quelques remerciements : merci Bas, notre head coach, qui a su s’adapter à notre niveau (qui n’est pas un niveau hollandais), qui a su créer une équipe forte et soudée. Il a toujours les bons mots pour qu’on se concentre ou qu’on rigole. Dank je wel. Merci Thijs, pas facile d’être assistant coach, mais tu l’as fait de la meilleure manière possible, toujours là pour donner des conseils personnels et ajouter des précisions. Merci. Merci Hermione, Noor, Sara et Adri de nous faire rire tout le temps, merci Léa et Isa d’être les meilleures controlling midfielders, merci Sanne et Lara de nous rappeler qu’on n’est pas bronzées, merci Emma d’avoir organisé tout ce week-end, merci Emily de courir autant pendant les matchs, merci Mathilde, Sole et Sophie pour votre mentalité de winneuses et merci Erin pour ta progression de fou cette année.

Voilà, maintenant on dirait qu’on ne va plus jamais jouer ensemble… mais c’est faux : rendez-vous au mois d’août pour la reprise !!

Bisous,
Votre capi Lélé

Photo : Petra Wafla