09.12.12 : Entre joie et déception, les Grenat font du surplace
Le troisième tour à Zurich réservait un programme tout à fait intéressant pour les Servettiens : en clôture des matchs "aller", ils rencontraient le leader et champion en titre Luzerner SC, avant de démarrer la valse des matchs "retour" contre un surprenant Basler HC.
Après une semaine d’intense travail et d’entraînements ciblés en vue du premier match du week-end, l’équipe servettienne, qui accueillait pour la première fois dans ses rangs le jeune Tjabbo, était prête à affronter le "terrible" Luzerner SC, qui après un début de championnat timide avait fait forte impression le week-end précédant en claquant par deux fois 12 buts à leurs adversaires du jour. Nullement impressionnés par ces faits d’armes et confiants en leurs capacités, les Grenat sont rentrés rapidement dans le match et ont opposé à la vitesse et au dynamisme lucernois une défense rigoureuse et une abnégation exemplaire. Le jeu est rapide et beau à suivre avec deux équipes qui se tiennent tête, sans pour autant que l’une ou l’autre ne parvienne à prendre l’avantage. Les Grenat seront les premiers à ouvrir la marque suite à une contre-attaque éclair proprement finalisée par un tir croisé puissant de Dimitri Gisin, une maigre avance que les Genevois défendront chèrement jusqu’à la mi-temps. Sur le banc lucernois, la nervosité se fait sentir, il faut dire qu’ils n’apprécient pas d’être malmenés ainsi!
Au retour des vestiaires, ce sont pourtant ces derniers qui prennent le meilleur départ et qui créent le danger dans le cercle servettien, bien gardé cependant par les défenseurs Matthieu Gisin et Loïc Boldrini ainsi que le gardien Laurent Dierickx qui abattent un sacré travail. La chance est donnée aux Servettiens de creuser l’avantage sur "power-play", un Lucernois voyant jaune après une faute offensive, mais ils ne sauront la saisir, trop timorés dans le jeu offensif et – il faut le dire – mis sous pression par une défense à quatre des Lucernois extrêmement agressive. Au retour du "banni", les Lucernois reviennent au score suite à une combinaison qui ne laisse aucune chance aux Servettiens. Mais prompts à réagir, ces derniers obtiennent à la suite de l’engagement un corner court qu’ils ne sauront malheureusement pas exploiter correctement. Sur une percée offensive de Gaël Wyss-Chodat, l’arbitre est contraint de siffler pénalty pour une faute du défenseur lucernois. Matthieu Gisin ne tremble pas et rejoint son frère sur la liste des buteurs de ce match, mais surtout redonne une longueur d’avance aux Genevois, une petite unité que ceux-ci vont défendre avec ardeur pendant les dix dernières minutes du match. Concédant à leur tour un corner court, les Genevois sont un poil justes et voient l’égalisation leur tomber sous le nez. Les deux équipes étant loin de se satisfaire d’un match nul, les dernières minutes tournent au feu d’artifice offensif. Les deux parties se rendent coup sur coup et alors que les Lucernois viennent de manquer une énorme occasion, une longue balle de dégagement trouve Gaël Wyss-Chodat à l’orée du cercle adverse, qui ne peut être arrêté que fautivement par le gardien lucernois. Un corner court après le temps réglementaire et une belle occasion pour les Servettiens de gagner deux points supplémentaires! Las, la subtile déviation de Grégoire Conne est sauvée in extremis sur la ligne et les deux équipes se quittent avec un point chacune. Alors que les Lucernois boudent, les Servettiens ont le sourire… Avec une pointe d’amertume tout de même, car on était pas loin de vaincre le champion en titre, et comme l’a bien résumé le coach Pierre Emmanuel Coppin lors du débriefing d’après-match, "nous n’avons que blessé Lucerne, mais nous ne l’avons pas terrassé ; ils ont pris un coup, mais ils se relèveront vite". Un avertissement pour la suite du championnat…
La journée ne pouvait (presque) mieux commencer, le plus dur étant de l’amener au mieux à son terme… Avec à peine 60 minutes avant le second match, tous les esprits étaient rapidement tournés vers le Basler HC, peut-être encore "jeune" en LNA (seconde saison) mais pas timide pour un sou, et qui avait déjà démontré son insolence en se payant Rotweiss Wettingen au second tour. Lors de la première journée, les Grenat avaient pris la mesure de Bâlois encore un peu tendres, sans toutefois convaincre dans le jeu (4-1). Un adversaire a priori plus faible, une prestation servettienne solide en début de journée, cette première rencontre des matchs « retour » avait tout d’un match-piège. Et le scénario du match ne démentira pas cette crainte…
Entreprenants et maîtres du jeu dans les premiers instants, les Servettiens semblent certes un peu émoussés par les efforts consentis contre Lucerne mais concernés et concentrés par l’enjeu des trois points à obtenir pour le gagnant de ce match. La balle tourne bien, Servette tente, même si pour l’instant, rien ne rentre. C’était oublier Dimitri Gisin, qui montre encore une fois toutes ses qualités offensives en déviant subtilement un bon service d’un défenseur grenat. Mais il était dit que rien ne serait simple pour Servette et les premiers à blâmer, ce sont eux-mêmes, qui ne font que se compliquer la vie. Plutôt que de se mettre rapidement à l’abri en enchaînant les buts, Servette laisse revenir gentiment le petit poucet bâlois et se fait peur. On ne le répétera jamais assez, ces Genevois sont quand même des spécialistes quand il s’agit de faire durer le suspens. Bâle ne se fait pas prier et lance ses vagues offensives, ce qui par chance donne de bonnes idées à Gaël Wyss-Chodat qui lobe astucieusement (mais sans savoir comment) le gardien bâlois pour donner deux longueurs d’avance à ses couleurs. Un avantage finalement bien maigre face à des adversaires "qui n’ont rien à perdre", comme le répétait le coach avant la rencontre, et il leur suffit d’un corner court un peu chanceux (poteau puis reprise) pour revenir à une unité. Jouant le tout pour le tout, le coach bâlois remplace son gardien par un sixième joueur de champ, ce à quoi les Genevois répliquent par une défense "à la polonaise" dont – pensait-on – personne ne savait se défaire. Mais il n’a fallu que deux minutes aux Bâlois pour trouver la faille et obtenir un corner court à quelques secondes de la sirène, une opportunité qu’ils ne laisseront à nouveau pas passer. Le sourire a changé de camp et de "gagnant" contre un Lucerne boudeur, Servette est passé "perdant" face à des Bâlois rigolards. A résultats identiques… scénarios diamétralement opposés!
La gueulante est méritée dans le vestiaire et les regards sont bas. Aux quatre points, parfaits cadeaux de Noël, qui tendaient les bras aux Servettiens, il ne leur en reste que deux et une seconde place provisoire en sursis, la concurrence s’acharnant derrière à remonter au classement. La pause va faire du bien, a-t-on entendu, mais il s’agira surtout, comme l’a bien rappelé Matthieu Gisin en conclusion de la journée, que chacun se remette en question par rapport à sa prestation et son implication. Sans oublier d’apporter son soutien aux autres pour continuer à bâtir ce fameux esprit grenat qui a permis au club de fêter les résultats de ces dernières années. Sans céder au fatalisme ou à la catastrophe, l’équipe doit partir en vacances hivernales avec les leçons tirées de ces trois premiers tours et des entraînements en salle. A chaque instant, elle est allée de l’avant, elle a progressé, elle a souffert, elle a travaillé, tant d’efforts à ne pas oublier et à faire fructifier. Pour revenir plus forte et plus volontaire le 12 janvier 2013 au Centre sportif du Bout-du-Monde, devant son public, venus le voir et le pousser!
Pascal Zimmermann